Un coup d'oeil dans la rétro : 2009 au cinéma
Après les concerts, petite rétro cinéma de cette année 2009. Quelques commentaires qui paraîtront peut-être aussi obscurs que les salles qui les auront suscités, mais cette sélection n'aura aucunement prétention de refléter une saison cinématographique dont j'ai loupé beaucoup d'incontournables (volontairement ou pas : il y a beaucoup de films qui sortent et puis j'aime aussi à rester chez moi pour lire la pleïade le soir au coin du feu, mon fidèle lévrier à mes pieds). Pas non plus la prétention de faire de la critique pointue, judicieuse et référencée, mais juste quelques impressions et coups de coeur enthousiastes à partager (ou pas). Mis à part un top 5 de 7 films, les films ne sont pas classés par préférence et les bandes annonces sont en liens sur les titres des films.
Le Top 5 de Tuco
Un
Prophète de Jacques Audiard
L'ascension
d'un petit caïd enchristé pour 6 ans qui trouvera sa voie entre les
clans corses et arabes de la prison. Une radiographie de la société
à travers le prisme de l'emprisonnement et un récit implacable sur
la misère, la violence et surtout sur la conquête du pouvoir. A la
fois hyper réaliste dans sa description de l'univers carcéral et
aussi complètement fantasmé et métaphysique, avec au coeur du film
la trahison et la métamorphose, thèmes déjà présents dans les
précédents Audiard (Sur mes lèvres et De battre mon coeur s'est
arrêté pour ne citer que ces 2 là). Un rythme maîtrisé du début
à la fin, 2 h et demie sans baisse de tension, la réalisation
donnant le vertige entre style et esthétisme très sophistiqué mais
jamais gratuit, jamais dans le clinquant ou l'esbroufe. La grande
force d'Audiard étant que malgré le côté onirique que prend
parfois son histoire, il ne quitte jamais vraiment l'univers du polar
pur et dur. Le résultat est qu'il gagne sur les 2 tableaux. Le
casting (que des acteurs peu connus à part Niels ArestrupArestrup) laisse
sur le cul. Bref, que des bonnes raizonzons d'aller au cinoche (ha
ha)
La
route de John Hillcoat
Un
père et son fils tente de survivre dans un monde post-apocalyptique.
Un film bouleversant et visuellement fascinant sur un monde en train
de perdre son humanité. Le rythme est lent mais sans faiblesse.
Viggo Mortensen est une nouvelle fois totalement juste dans le rôle
de ce père tiraillé et meurtri, et la courte apparition de Robert
Duvall, un des plus grands acteurs américain sa génération, est
inoubliable. La réalisation, classique et sobre, ne sombre jamais
dans la surenchère, ni de la violence ni du sentimentalisme (on
frémit en imaginant ce que Spielberg aurait fait d'un tel sujet, ho
ben tiens il l'a fait avec la Guerre des mondes...). Nick Cave et
Warren Ellis (déjà responsable de la sublime musique de
L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, évoqué ici
et là) signent le score sombre et angoissant de ce grand film, à la
fois désespéré et profondément humaniste.
The
Wrestler de Darren Aronofsky
Le
grand retour de Mickey Rourke. Mickey le ravagé dans le rôle de
Randy "The Ram" Robinson, star déchue du catch des années
80. Filmé comme si l'on était constamment derrière son épaule,
The Wrestler c'est un peu Rocky dirigé par les frères Dardennes. Une
plongée dans l'univers glauque et violent de l'Amérique white trash
et des circuits de catch amateur. Darren Aronofski (qui réalisa en
2001 le radicalement différent mais tout aussi puissant Requiem for
a dream) réussit le tour de force de mettre le spectateur en
empathie avec son personnage principal, bourrin attendrissant et
paumé, looser pathétique mais réellement touchant. Certains
reprocheront quelques grosses ficelles mélodramatiques mais
personnellement je les ai parfaitement acceptées. On en sort sonné,
KO, comme acculé dans les cordes à l'issue un combat perdu
d'avance. Quand à Mickey « Motorcycle Boy » Rourke, il
semble tellement habité par son personnage (leurs 2 histoires se
rejoignant dans la détresse et le gâchis) qu'il est dur d'imaginer
ce qu'il fera par la suite... Le film se clos sur une ballade
désabusée de Springsteen : «Have you ever seen a one-armed man punching at nothing but the breeze? If you've ever seen a one-armed
man then you've seen me... »
Boy
A de John Crowley
En
Angleterre, un jeune homme essayant de se construire une nouvelle
vie, sous une nouvelle identité se retrouve rattrapé par un passé
terrifiant. Périlleux de faire le pitch de ce long-métrage
britannique tant l'intérêt est de découvrir une intrigue
mystérieuse qui ne se dévoile qu'au fur et à mesure. Il y a un
style délicat dans la mise en scène de cette histoire abominable
abordée avec pudeur et sensibilité. L'atmosphère est intrigante et
le ton différent, au delà du polar ou du thriller standard.
Fragile et marquant. Avec l'extraordinaire Peter Mullan
(l'inoubliable Joe de My name is Joe de Ken Loach) et Andrew Garfield
touchant de vulnérabilité.
A
l'origine de Xavier Giannoli
Un
escroc se fait passer pour un chef de chantier d'une grande société
de travaux publics et reprend les travaux d'un échangeur d'autoroute
abandonné quelques années plus tôt, faisant revivre une ville
entière du nord de la France mais l'entraînant aussi dans son
mensonge. Xavier Giannoli s'empare d'un fait divers et, sans
chercher à faire un véritable film social, choisit plutôt la voie
du lyrisme et du tourment de son personnage principal. Et ça marche
: mi fable sociale, mi thriller sans réellement choisir son camp, le
film n'en reste pas moins captivant. 2H10 intenses dans le froid et
la boue, entre le ballet des machines sous la pluie soigneusement
chorégraphié et la stupeur d'un petit arnaqueur, dépassé par les
événements, sentant son propre piège se refermer inexorablement
sur lui. Tous les personnages sont bien étudiés, et leurs
interprètes ont l'épaisseur nécessaire pour faire passer quelques
situations moins crédibles. François Cluzet est magnifique,
trouvant ici le rôle idéal pour exprimer, toute son angoisse et sa
vulnérabilité. Superbe photographie (Glynn Speeckaert) et score à
la hauteur de Cliff Martinez.
Brendan
et le secret de Kells de Tomm Moore
Le
film d'animation franco-irlandais qui met une claque aux films
américains. D'une classe et d'une belle audace graphique. Jeu avec
la perspective traditionnelle, références esthétiques aux
enluminures médiévales celtes mélangées à un style cartoon
américain, et des influences plus récentes. Une grande leçon de
dessin, un belle fable dans un écrin merveilleux.
Numéro
9 de Shane Acker
Plutôt
éreinté par les critiques pour causes de scénario simpliste et de
trop grande ressemblance avec Wall E (que je n'ai pas vu), ce film
d'animation produit notamment par Tim Burton et qui met en scène des
personnages de poupées dans un monde
post-apocalyptico-gothico-steampunk n'en est pas moins éblouissant
visuellement, esthétiquement et poétiquement. L'intérêt du film
est surtout son climat, et si la simplicité du scénario est à la
fois sa qualité et son défaut, ce côté naïf et poétique est
réellement charmant... Non vraiment, les critiques ont eu la dent
dure.
D'autres toiles
Gran
Torino de Clint Eastwood
Soyons
clair, avec Clint je fais mon gros difficile. Après m'être pris
dans la gueule Million Dollar baby, Mystic River et Lettres d'Iwo
Jima dans la même décennie, je place la barre easwoodienne très
très haut. Alors que tout le monde s’est extasié devant cette
nouvelle livraison (relecture du personnage de Dirty Harry, testament
cinématographique du grand Clint selon certains), je suis resté un
poil sur ma faim : le fil blanc dont sont cousus les bons sentiments
de cette histoire (un vétéran de la guerre de Corée, raciste et
acarîatre qui se liera d'amitié avec le petit gars d'origine
asiatique) est un peu épais et le film tient surtout grâce au
magnétisme de son interprète principal qui ne se donne même plus
la peine de parler mais grogne et éructe comme un vieil ours mal
léché. Ceci dit, même un Eastwood pépère réserve quelques
belles surprises et ce n’est qu’à la toute fin que le film prend
tout son sens. Ecrire tout ça me une sacrée envie de le revoir,
soyez sympa, ne dites pas Clint que j'ai émis quelques réserves, il
est susceptible le vieux...
Loin
de la terre brûlée de Guillermo Arriaga
Vu
la classe de son CV (scénariste de 21 grammes et Babel d'Alejandro
González Inárritu, et aussi de Trois Enterrements de Tommy Lee
Jones, excusez du peu.) on attendait Guillermo Arriaga au tournant
pour sa première réalisation. Comme pour les films de Inarritu
plusieurs intrigues se mélangent, s'entrecroisent, mêlant présent
et passé tout au long du film. Sans avoir l'intensité des
réalisations évoquées plus haut, et réutilisant un « système
narratif » qui pourrait s'avérer répétitif, le film est tout
de même une belle réussite grâce notamment à 2 superbes portraits
de femmes meurtries, Charlize Theron et Kim Basinger.
Dans
la brume électrique de Bertrand Tavernier
Légère
déception pour ce film réalisé par Tavernier aux USA. Un peu le
cul entre 2 chaises, ni complètement américain ni européen non
plus, le film souffre d'un rythme un peu mou et les derniers plans
semblent avoir été imposé au réalisateur français, tant ils
ramènent le film sur un côté fantastique qui ne colle pas du tout
avec le début. A vrai dire je crois que je suis un peu passé à
côté. Pourtant Tommy Lee Jones y est une nouvelle fois impérial
dans ce rôle de flic alcoolique. A la fois monolithique et fragile.
Tout dans les yeux. A noter également la présence fantomatique de
Levon Helm (batteur de The Band) et la participation rigolarde de
Buddy Guy qui, vus ses talents d'acteur, a bien fait de choisir la
guitare... Rattrapage vidéo obligatoire.
Coraline
de Henry Selick
Il
y eu bien sur "L’étrange créature du lac Noir", diffusé
le 19 octobre 1982 à la dernière séance (merci Mr Eddy) avec les
lunettes fabriquées maison (avec des intercalaires de classeurs
bleus et rouges), puis Captain Eo, croûte lucaso-coppolienne avec
Michael Jackson vu chez Disney au début des années 90 ou encore un
film animalier bien ringard au Futuroscope de Poitier, mais Coraline
serait mon premier véritable grand film en 3D au cinéma. Alors
évidement, voir en relief l'univers de Tim Burton et Henry Sellick
(responsables du cultissime Etrange Noël de Mister Jack, rien de
moins!) sur grand écran à quelque chose de magique et
d'époustouflant, malheureusement, j'aurais beaucoup de mal à me
concentrer sur l'intrigue, occupé que je serais à sans arrêt
retirer et remettre mes lunettes, pour voir la différence. La
réalisation est assez impressionnante, les couleurs et les textures
vraiment chouettes, mais il manque un je ne sais quoi qui faisait la
différence dans Mister Jack ou les noces funèbres. A revoir
tranquille chez soi sans ces saloperies de lunettes.
Soul
Power de Jeffrey Levy-Hinte
Super
documentaire qui fait pousser la coupe afro et le col pelle à
tarte, sur le festival de musique afroméricaine organisé en 1974
au Zaïre pour le match de boxe Mohamed Ali / George Foreman,
réalisé à partir du matériel déjà utilisé pour le célèbre
When we were kings (qui, lui, s'attachait au combat). En
vedette, la crème Soul et Funk de l'époque : James Brown, BB King
ou encore Bill Withers. Musicalement grandiose, on pourra regretter
cependant, qu'il n'y ai qu'un seul titre live par artiste (et pour JB
et BB c'est malheureusement très frustrant) mais tout ce qui
concerne les à côtés du concert est également historiquement
passionnant...
Whatever
Works de Woody Allen
Quand
Larry rencontre Woody! Larry David (Monsieur Seinfeld et Curb your
enthousiam, soit quasiment Dieu en personne) chez Woody (Dieu en
personne). C'était trop beau pour être vrai. Le résultat n'est
peut-être pas tout à fait à la hauteur de ce que l'on attendait
(quelques facilités et un rythme pas toujours soutenu) mais
qu'importe, on se marre bien, et on jubile même sur la fin, Woody se
lâchant carrément pour retrouver le ton provocateur et jouissif de
ses premiers films.
Public
Enemies de Michael Mann
Pas
un chef d'oeuvre, mais un beau film reposant en grande partie sur le
duo Johnny Depp/ Marion Cottillard. Filmé très près des
personnages, en caméra numérique super-haute-dèf-machin-chose, on
est vraiment au coeur de leur histoire. On sent le frisson sur leur
peau et la chaleur de leurs corps enlacés dans une nuit de cavale.
Un bon Michael Mann qui revient en forme après un Miami Vice un peu
soporifique mais sans toutefois retrouver la grâce et la force de
Ali ou de Heat.
Partir
de Catherine Corsini
Un
divorce qui tourne à la tragédie. Très réussi, très juste,
notamment grâce à l'interprétation de Christin Scott Thomas,
rayonnante et donc éblouissante, qui rarement n'aura été aussi
bien filmée. Certainement un de ces meilleurs rôles après Il y a
longtemps que je t'aime. Un bémol tout de même : la fin, un peu
abrupte, m'a semblé moins convaincante. Mais les sentiments et la
justesse des personnages l'emporte.
Là-haut
de Pete Docter et Bob Peterson
ça
commence très bien avec l'évocation nostalgique d'une love story à
l'ancienne, puis une rencontre (assez drôle quoique prévisible)
entre ce vieux monsieur aigri et un jeune explorateur gaffeur et pot
de colle, puis le duo part en expédition et portée par des millions
de ballons, la maison décolle tel un dirigeable Monthy Pythonien.
C'est à la fois charmant et spectaculaire, bref du pur Pixar! (Toy
Story, Mille et une pattes, Monstres et compagnie, Nemmo,
Ratatouille, dans le genre, c'est quand même la crème)! La 2ème
partie de l'histoire (l'exploration d'un pays imaginaire) est moins
enthousiasmante et graphiquement inégale, le meilleur (le dabou un
oiseau assez hilarant et Génialissime « Dug » chien
type Golden plus vrai que nature), côtoyant le moins bon (les autres
chiens sont assez laids et l'animation ce cette meute est un poil
décevante ) et la fin du film est sans grosse surprise. Au final,
une impression mitigée malgré le régal visuel pixarien...
Demain
dès l'aube de Denis Dercourt
La
relation de 2 frères dont l'un est un pianiste virtuose en pleine
crise et l'autre un adepte de jeux de rôle qui perd le contact avec
la réalité. Pas toujours crédible, mais on se laisse prendre grâce
à l'interprétation des comédiens (Mention spéciale à Jérémie
Régnier et Gérald Laroche qui campent des personnages très
inquiétants.). La réalisation est sobre et tendue. Dommage qu'ici
la photographie ne soit pas plus soignée et élégante notamment
pour les scènes "Napoléoniennes" ce qui aurait accentué
le contraste entre les 2 univers. A ce niveau là on est quand même
loin de Duellistes ou de Barry Lyndon et c'est tout de même un poil
en dessous du précédent film de Denis Dercourt : La Tourneuse de
pages un excellent thriller psychologique (autre film très sympa du
même réalisateur, mais dans le registre de la comédie : les
Cachetonneurs)
Démineurs
de Kathryn Bigelow
L'enchaînement
des missions d'une équipe de démineurs de l'armée américaine en
Irak, certains de ses membres jouant sans arrêt avec la mort et
devenant accro à ce jeu morbide donnant d'une certaine façon un
sens à leur vie. Un film coup de poing, sans fioriture, oppressant,
ne cherchant pas à faire de la « belle image » et qui ne
brosse pas le spectateur dans le sens du poil. Un rapide retour au
pays vers la fin du film rappelle bien évidement Voyage au bout de
l'enfer de Cimino référence quasi inévitable du film sur les
traumatismes de guerre. Sans égaler ce modèle ultime, Démineurs
reste une réussite de cinéma tendu, nerveux, éprouvant...
Mary
& Max de Adam Elliot
Mary
est une petite fille, vivant en Australie, complexée et ignorée de
sa famille. Max est un juif new-yorkais, freak inquiétant, quasi
autiste. Comment vont-ils se rencontrer? C'est ce que raconte ce film
d'animation australien qui fait du bien. Tout d'abord parce qu'il est
réalisé à l'ancienne (genre poupée et pâte à modeler) et que ce
n'est pas une bouse en image de synthèse de plus. Ensuite parce que
ce n'est pas spécialement un film pour les enfants. Le scénario et
le ton seraient plutôt ceux d'un film américain indépendant. Mi
noir et blanc, mi couleurs délavées seventies. Inclassable, drôle,
d'un humour caustique et décalé. Barré, angoissé mais
rafraîchissant.
Micmacs
à tire-larigottire-larigot de Jean-pierre Jeunet
Sans
pinaillage : c'est un bon divertissement, drôle, plein de bons
sentiments sans tomber dans le cul-cul la praline, plastiquement
réjouissant, chouette casting, le film rempli son contrat à ce
niveau là. Avec pinaillage : ok, mais c'est quand même vachement
moins excitant que les précédents Jeunet, non? A mi chemin entre
"Delicatessen" et "Amelie Poulain" sans en avoir
complètement le bricolo absurdo poétique de l'un et le côté
chaleureux, plus "grand public" de l'autre. Jusqu'à
présent chacun de ses nouveaux films était surprenant, différent
du précédent et amenait une "couleur" de plus à sa
palette alors que là c'est plutôt du recyclage de son savoir faire
(avec clin d'oeil et autocitation à la clé) et plutôt moins bien
ficelé que d'habitude. C'est, certes, toujours plein d'invention et
avec Jeunet, on plane bien au dessus de la majorité des comédies
actuelles du cinéma français, mais ce film ne sera sans doute pas
aussi marquant que le reste de sa filmographie.
L'Imaginarium du docteur Parnassus de Terry Gilliam
N'en déplaise à la secte des adorateurs inconditionnels de Terry Gilliam
dont je fréquente au moins 2 de ses membres qui ne manqueront pas de
m'étriper après avoir lu ces lignes (Mais y m’font pas peur,
qu’elles-z-y viennent ces lopes !) ; le dernier Gilliam m'a
laissé une drôle d'impression. Comme un sentiment d'inachevé. Il y
a évidement un imaginaire incroyable, quelques séquences
magnifiques, la savoureuse participation de Tom Waits qui, faisant le
malin, trouve ici un rôle à pleine mesure de son talent, mais le
côté confus et brouillon de l'histoire m'a fait souvent décrocher.
Dictée par la nécessité de remplacer Heather Ledger décédé
pendant le tournage, la répartition de son rôle à la fois à Jude
Law, Colin Farell et Johnny Deep est une idée assez géniale qui
fonctionne à merveille, apportant au film une folie et un imaginaire
supplémentaire mais à côté de ça, certaines séquences se
passant derrière le miroir, dans l'imaginarium du Docteur
(Christopher Plummer dans une très émouvante interprétation), sont
tellement cheap (indigence des images de synthèses, certainement
hélas, par manque de moyen) que cela fout tout en l'air. Je sais
bien que le fond est plus important que la forme mais quand un film
repose autant sur son côté visuel, le manque d'unité dans la
qualité est assez gênant, et il est parfois dur de rester concentré
sur l'histoire...
Avatar
de 2 heJames Cameron
Avatar
: petit film intimiste américain, sorti dans l'anonymat à la fin de
l'année 2009. Hum... Avatar est un film piège : un grand plaisir
oui, mais avant tout, pour les yeux. Techniquement et visuellement
hyper spectaculaire (la 3D y fait beaucoup, mais le film devrait, à
priori, être aussi super efficace en projection traditionnelle),
bien ficelé, il souffre aussi d'un scénario qu'on aurait aimé un
poil (de cul de Na'vi) moins manichéen et plus original. James
Cameron, en bon faiseur hollywoodien réussit à captiver
l'assistance durant plus deures et demie, ce qui n'est pas rien
certes, mais avec une simple trame de western type Danse avec les
loups ou Little big man (excellentes références au demeurant) mais
rien de plus. Faut-il pour autant bouder son plaisir? A vrai dire
non, vu qu'on n'en attendait pas beaucoup plus de Cameron, cinéaste
hyper efficace mais pas toujours hyper subtile!. Plus embêtant, le
score symphonico-new-new age de James Horner qu'on a connu plus inspiré.
Pas aussi insupportable que Celine Dion sur Titanic, mais pas loin...
Tetro
de Francis Ford Coppola
Le
retour du Parrain. Un film surprenant, Coppola ne cherchant pas à
appliquer la même recette à chaque fois, et semblant là retrouver
une nouvelle jeunesse cinématographique. Un noir et blanc
magnifique, un casting excellent, pas de «stars»à l'exception de
Vincent Gallo et de Klaus Marria Brandauer et une révélation, Alden
Ehrenreich (mi Brad Davis mi Leonardo Dicaprio, ça devrait marcher
pour lui...). La première partie du film est éblouissante,
audacieuse avec mélange de style visuels, changement de ton et de
rythme, un climat tragique mais aussi plein d'humour, pour cet
affrontement tendu entre 2 frères se retrouvant après des années
de rupture. La deuxième partie est plus maniérée et la fin, un peu
trop appuyée, sombre un peu dans le mélo lourdingue, sans quoi le
film était quasi parfait.
Les plaisirs coupables
L'attaque
du métro 123 de Tony Scott
Un
Tony Scott étonnement plus sobre que prévu. Une prise d'otage dans
le métro new-yorkais avec un affrontement classique mais réussi
entre John Travolta et Denzel Washington sans que les scénaristes se
croient obligé de faire péter la ville entière, ça s'apprécie
(bon, je rassure les amateurs, il y a quand même une poursuite en
voitures - avec cascades à la clé - qui ne sert strictement à rien
à la fin, sacré Tony...). Franchement dans le genre « pas
prise de tête » c'est assez réussi. Une bonne série B (bien
que j'imagine que si on arrive à payer Denzel et John dans le même
film, on ne doit plus appeler ça une série B). Un futur film du
dimanche soir. Dès fois on en demande pas plus.
Clones de Jonathan Mostow .
En
apparence un polar SF de plus mais qui se révèle être plus malin
que prévu et donc une assez bonne surprise. Efficace, intéressant
visuellement, avec un semblant de réflexion sur la technologie, le
règne des machines (Jonathan Mostow avait réalisé Terminator 3),
la réalité virtuelle, le refus de vieillir, etc etc. Pas super
original, ni super surprenant non plus mais plutôt sympathique au
final (une fin à la John Carpenter, façon Escape from LA). A revoir
en vidéo pour voir si je ne me suis pas emballé.
District
9 de Neill Blomkamp
Un
film de SF bien trash produit par Peter Jackson, qui avant d'être
habitué au gros kouglofs cinématographiques (la trilogie du
Seigneur des anneaux – trilogie ça doit vouloir dire 3 fois trop
long - et le pénible remake de King Kong) savait torcher à ses
début les réjouissants Braindead ou Fantômes contre fantômes (et
dans un autre style, l'excellent Créatures célestes). Filmé caméra
à l'épaule comme un reportage télé, District 9 mêle SF, critique
sociale et bon film d'action. Ça charcle, ça gigle, ça explose,
bref ça chie sévère chez les crevettes (nom donné aux Aliens
parqués dans les bidons ville de Johannesburg). Redoutablement
efficace et pas con du tout.
Volt,
star malgré lui de Chris Williams et Byron Howard
Trop
mignon le petit chien! Trop délire le hamster! Trop cool le chat!
Trop poilant les pigeons.! Parfois c'est bien cool d'emmener sa
filleule au cinéma.
Quelques bonnes déceptions
Inglorious
Basterds de Quentin Tarantino
Un
Tarantino poussif qui ne force pas beaucoup son talent. Certes il y a
toujours ses savoureuses et interminables scènes de dialogues (qui
précèdent en général une explosion de la violence) et une
direction d'acteur épatante (Brad Pitt fait un savoureux numéro et
Diane Kruger est totalement éblouissante).mais globalement c'est
plutôt décousu, avec de bons moments de cinéma reliés entre eux
de manière un peu faiblarde. Et puis surtout, c'est à la fois un
western spaghetti, un film de guerre, un film romanesque, un film
gore, un film burlesque, un film sur le cinéma... ça fait beaucoup
à la fois. Et là ou le mélange de genres bien délirant marchait
dans Kill Bill, il fonctionne beaucoup moins dans le cadre d’un
film historique. Maintenant si vous aimez les sandwichs
rillettes/cancoillotte/anchois/confitures de fraises, pourquoi
pas...
Bancs
Publics de Bruno Podalydès
Grosse
déception car j'avais beaucoup aimé certains films de Bruno
Podalydès (Dieu seul me voit et Liberté-Oléron par exemple). Le
casting est proprement incroyable mais, passé ce tour de force, on
ne voit ici qu'une cohorte d'acteurs tous venus faire leur petit
numéro sans que le film ne décolle et prenne réellement corps.
L'histoire patine, les gags aussi, le rythme est désespérant. Je ne
vois pas grand chose à sauver de ce naufrage. Vraiment surestimé
par la critique.
Star
Trek de J.J. Abrams
Pas
désagréable mais pas spécialement impressionnant non plus, cette
nouvelle version grand écran de Star Trek se laisse voir (des effets
spéciaux plutôt réussis) mais s'oublie aussi vite. La faute à un
casting plutôt faiblard (des jeunes acteurs plutôt falots, la
présence de Leonard Nimoy en personne ne suffisant pas à rattraper
le coup). Vite vu, vit oublié. (En même temps, je suis loin d'être
un trekker)
Le
dernier pour la route de Philippe Godeau
L'adaptation
un poil trop sage d'un roman de Hervé Chabalier qui racontait son
combat contre l'alcool. François Cluzet y est moins convainquant
que d'habitude et se fait quasiment voler la vedette par Michel
Vuillermoz. A vrai dire, pas un souvenir très marquant.
Aucun ticket de cinéma n'a été déchiré durant cette rétrospective. Je les garde tous bien amoureusement (rangé dans une boite de camembert prévue à cet effet), comme le garçon mania... méticuleux que je suis.